Mais le progrès décisif est l'invention d'un système de
communication garantissant une information précise, fiable et aisément
transmissible. Les divers instruments de comptage et d'enregistrement déjà
imaginés ont tous rapidement révélé leurs limites. D'abord simples jetons,
puis calculi aux formes diversifiées, qui matérialisent des biens et
des quantités, ils ne constituent toutefois qu'une aide à la mémorisation des
transactions. Ils seront ensuite enfermés à l'intérieur de bulles d'argile,
qui garantissent l'intégrité du contenu et authentifient l'opération grâce
à l'empreinte de sceau-cylindre qui y est apposée. Progressivement, l'habitude
sera prise, afin d'éviter d'avoir à briser la bulle à chaque vérification,
de faire apparaître le compte directement sur l'enveloppe à l'aide d'encoches.
La bulle, devenue inutile, sera bientôt remplacée par la tablette d'argile, de
maniement plus aisé. Et c'est sur ce nouveau support que va apparaître l'écriture.
Combinant les encoches à valeur numérique avec des signes de type
pictographique, qui peuvent représenter un objet ou une idée, cette première
écriture se fonde sur la juxtaposition d'unités symboliques sans rapport
explicite à la langue sous-jacente. Certains pictogrammes sont simples,
facilement déchiffrables, alors que d'autres, plus complexes, restent incompréhensibles.
Dès son apparition, l'écriture se présente comme un système sémantique
pleinement constitué, qui ne peut être le fruit d'une longue évolution
intellectuelle.
Période URUK MOYEN (-3400 à -3100 av JC)
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